Le CA échoue si près du but : Un mal qui laisse des traces

Il aura fallu en arriver à un duel de gardiens de but pour départager les deux équipes. Imperturbable, Gâaloul a accompli des prouesses alors que Charfi a manqué d’inspiration.

Au bout du suspense, le CSS a donc remporté sa 6e coupe de Tunisie dans sa 64e édition face à un CA volontaire 120 minutes durant avant de se montrer quelque peu maladroit lors de la séance des tirs au but. Au final, le portier Hédi Gaâloul, auteur de plus d’une parade payante en cours de jeu, a persévéré lors de la loterie des penalties pour offrir aux siens une place (inespérée il y a peu) en C3, la saison prochaine. 

Dimanche dernier, le CSS a ainsi torpillé le CA à l’issue d’une séance de tirs au but au suspense insoutenable. Cette fois-ci, précisément, la réussite n’a pas été du côté de Montassar Louhichi qui concède son premier revers depuis son intronisation à la tête des affaires techniques clubistes.

Cruel destin que de perdre en finale alors que le CA a globalement joué d’égal à égal, se montrant menaçant, audacieux et même redoutable la plupart du temps. Lors de cette apothéose, il n’en reste pas moins que si chacun a eu ses temps forts et passages à vide, en fin de compte, la victoire a souri à l’équipe qui disposait ce jour-là d’un gardien en état de grâce. 

Un goût d’inachevé cependant pour le CA, sachant qu’il s’en est fallu de peu. Mais il ne faut tout de même pas oublier tout ce qui a été accompli depuis peu. En friche, avant le changement opéré au niveau technique et au sein de l’exécutif, le CA s’en sort plutôt bien, sachant que l’on a craint le pire pour l’association clubiste quelques mois auparavant. Aujourd’hui, il ne faut pas se voiler la face.

Le CA est en reconstruction et il ne peut offrir donc davantage que ce qu’il a proposé ces derniers temps. Actuellement, c’est forcément rageant de courir après sa gloire d’antan. Mais il s’agit aussi de définir ses priorités et de ne pas se disperser. Maintenant, pour revenir au grand format de Djerba, il aura manqué aux Clubistes un brin d’inspiration dans le dernier geste. 

D’un point de vue individuel, là aussi, les joueurs fétiches n’ont pas donné ce coup de fouet et cette percussion tant attendue. Probablement le poids de l’enjeu, la peur de s’exposer aux contres éclair adverses. D’ailleurs, l’on a aussi noté que la seconde période clubiste était partie sur les mêmes bases que la première avec un CA peinant à s’infiltrer dans les trente derniers mètres adverses, même si en face, à deux reprises, le portier Hédi Gaâloul a gardé les siens à flot. Voilà pour la physionomie d’un match qui aurait pu basculer si les Chammakhi, Khelifa et Compaoré s’étaient montrés plus créatifs et surtout audacieux. 

Au final, la magie de Louhichi a cessé d’opérer, même si par moments, le CA a accentué sa domination en prenant l’ascendant physiquement, sans toutefois parvenir à marquer ce but libérateur. Au-delà de cette insoutenable séance de tirs au but, l’on retiendra aussi que lors des temps forts du CSS, le CA a accusé quelque peu le coup, mais sans jamais rompre, laissant passer l’orage avant de se redéployer et de faire preuve d’abnégation, surtout. Il manquait cependant cette aptitude à transpercer le rideau sfaxien.

Ce qui nous renvoie aux choix restreints sur le banc et aux limites clubistes tout court. Par la suite, vers la fin, l’usure physique et mentale s’est progressivement installée dans les deux camps à mesure que l’on s’approchait du dénouement, rendant les gestes techniques beaucoup plus approximatifs, avec des joueurs au bord de la rupture d’ailleurs. Et il aura fallu en arriver à un duel de gardiens de but pour départager ces deux équipes. Impénétrable, Gaâloul a accompli des prouesses, alors que Charfi a manqué d’inspiration.

Gestion des émotions

Cruel scénario pour un CA forcément affecté. Un CA qui connaissait parfaitement le pedigree, le profil et le CV de l’adversaire sur le bout des doigts, sans pour autant apprivoiser en fin de compte l’incertitude du sport roi. En football, répéter ses gammes sans rien négliger au passage n’est pas toujours payant. 

La vérité du terrain est telle que l’on ne peut tout contrôler, même si face au CSS, les coéquipiers de Zouheir Dhaouadi savaient pertinemment que se coltiner un tel morceau exigerait de leur part qu’ils prennent conscience de leurs forces et de leur potentiel le jour « J », maintenant et pas demain ! Parce que demain, ce sera trop tard ! En clair, qu’importe les hommes et le schéma, c’est dimanche dernier que les fans clubistes attendaient les frissons. 

Dommage car cette équipe vaut mieux que ses promesses. Des promesses qui tenaient au taux de conversion des penalties. Loterie des penalties ? Drôle d’appellation de la séance des tirs au but ! Plus qu’un « jeu de hasard » c’est une histoire de gestion des émotions, là où le CSS a gardé la tête froide et le cœur chaud.

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